Le jardin botanique

Le jardin botanique des Pyrénées Occidentales

 

Bref historique

L'idée de construire un jardin botanique en Béarn est née en 1992. Après maintes recherches de terrains adaptés à un tel projet, le choix s'est arrêté sur St Jammes qui avait l'avantage d'être proche de Pau. L'enthousiasme que manifesta le maire de l'époque, M. André Bordenave, laissait entrevoir un développement rapide du projet, d'autant plus que l'élu obtenait une subvention de l’État de 230.000 francs au profit du jardin botanique. Hélas, l'administration exigea avant toute construction que cette somme fut affectée à la construction d'un "tourne à gauche", reprenant d'une main ce que l'autre avait donné !

 

Faute de moyens et au bénéfice d'un changement de municipalité, le projet culturel stagna puis fut enterré au cours des  mandats communaux suivants avec pour conséquence la transformation de l'activité culturelle en une activité de pépinière qui continua toutefois les missions culturelles et patrimoniale non rentables d'un jardin botanique. Pourtant, dans le même temps, les travaux botaniques du jardin dans la conservation et la germination des graines d'une part et la connaissance de la flore des Pyrénées occidentales (versants français et espagnol) d'autre part ont été reconnus par l'Association des Jardins botaniques de France et des Pays francophones qui n'ont pas hésité à faire l'éloge de ce travail en le référençant dans le Guide des jardins botaniques de France et des Pays francophones (2000).

 

Sans aucune ressource autre que les ventes de la pépinière il est vite devenu difficile de financer les études sur la conservation et la germination des graines, la publication des résultats et les participations aux diverses manifestations de l'association nationale. Si les premières années le bulletin du jardin botanique (Iberis) consacré à la vulgarisation de la botanique et des techniques culturales particulières auprès des amateurs de plantes a permis un apport non négligeable de ressources, l'arrivée d'Internet a cassé cette dynamique par la gratuité des informations diffusées bien que pas toujours vérifiées. L'écriture de publications scientifiques demandant beaucoup de recherches donc de temps en plus de la pépinière et de l'entretien du jardin, je ne pouvais plus tout assurer correctement et fus contraint d'arrêter. Les diverses publications botaniques initialisées s'éteignaient et les rares monographies écrites par la suite, bien que nécessaires, ne pouvaient intéresser que des lecteurs passionnés donc, pas de quoi être imposer sur la fortune !

 

Le jardin Jeanne Jugan le jour de l'inauguration avec ses premières plantations.

 

Un espoir fugace

En 2010 le jardin fut contacté par la ville de Billère (agglomération de Pau) pour consacrer un petit espace sur le domaine public de 2500 m2 à la construction d'un "jardin botanique". Enfin une prise de conscience locale me semblait se dessiner et répondre à mon souhait de voir la notion de jardin botanique passer dans le domaine public et donc de pérenniser des espèces rarement vues dans nos villes tristement envahies par des végétaux horticoles, certes ornementaux mais éphémères et sans intérêt sur le plan de la présentation de la diversité de la flore.

 

Sous la direction de Charles Sorce, alors responsable des Espaces verts, les plantations d'espèces peu communes ont été étendues à l'ensemble du domaine végétalisé de la ville. Toute la partie botanique, les conseils de culture et la gestion des collections (suivi, nomenclature, enrichissement) étaient assurés par Jacques Urban, fondateur du Jardin Botanique des Pyrénées Occidentales et botaniste de terrain, en partenariat moral avec la ville de Billère jusqu'en 2019. Le jardin référençait alors environ 350 taxons plantés. Voir la suite.

 

En parallèle, le 4 juillet 2017, les élèves de CM1 et CM2 de l'école de St Jammes participèrent aux premières plantations en présence du corps enseignant. Cet évènement remarquable pour la région attira l'attention de la presse locale qui publia un article dans la République du 25 juillet 2017. Fort du succès rencontré par la création d'un premier espace botanique public sur la commune de Billère, la complémentarité avec ce nouvel arboretum public sur une commune rurale était de bonne augure pour l'avenir d'un espace public consacré au vivant en Béarn. Fin février 2019, le conseil municipal et quelques habitants plantèrent 93 arbres et arbustes qui inaugurent enfin la réalité d'un patrimoine sur la commune de St Jammes. Plusieurs sont des essences rares pour le département et chacun pourra venir les admirer lorsqu'ils auront acquis un développement suffisant. Ci-dessous vue de l'arboretum en mai 2019. Mais comme pour Billère, cela était sans compter sur le cynisme des dirigeant des deux communes qui faute de moyen pour la première et destruction systématique de ce qu'avait fait la précédente équipe municipale pour la seconde, tout a été laissé sans entretien et même détruit volontairement. La majorité des essences rares des deux sites a tout simplement été détruite. Voir la suite.

 

Le constat sur la biodiversité est le suivant : le réseau des acteurs de la protection, bien que pléthorique n'est qu'administratif, répressif, fortement redondant et très incomplet. Le statut patrimonial du vivant et l'enseignement des publics sont inexistants. Le jour où la conservation s'intègrera dans ce réseau, que les espèces seront enfin considérées en tant que valeur patrimoniale et que le public sera associé concrètement à cette mission, alors la somme de toutes les petites actions faites sur les territoires seront efficaces.